Depuis plusieurs semaines, les Antilles sont marquées par de nombreuses manifestations refusant l’obligation vaccinale mais témoignant d’une crise plus ancienne liée à une économie trop dépendante de la métropole, une cherté du coût de la vie et des conditions socio-économiques en décalage avec les moyennes nationales. De plus en plus de militants réclament, si ce n’est l’indépendance, au moins l’autonomie des différentes îles dont l’économie ne fonctionne pas sur le même modèle que le territoire métropolitain.
Des exemples de tentatives de cryptomonnaies pour les économies nationales
Plusieurs États, souvent catégorisés parmi les États des Suds, ont déjà annoncé des projets de cryptomonnaies nationales. Le Salvador, plus petit pays d’Amérique centrale, entre le Honduras et le Guatemala sur la façade Pacifique, a déjà autorisé plusieurs cryptomonnaies dans le pays, au-delà du Bitcoin déjà en place. Le gouvernement aurait émis l’idée d’émettre lui-même une cryptomonnaie, indexée sur le dollar américain, via sa banque centrale. Cette monnaie s’appellerait le « Colon-Dollar », en référence à la précédente monnaie qui a été remplacée par le dollar américain en 2001, dépossédant l’État d’une monnaie propre. Au Pérou, ce n’est pas le gouvernement mais l’entreprise Anclap, spécialisées dans les jetons stables sud-américains depuis 2017, qui a annoncé l’an passé le lancement d’un nouveau jeton au Pérou, qui serait basé sur le sol péruvien mais indexé sur le peso argentin, plus stable et solide. Il est déjà disponible sur plusieurs plateformes, telles que Stellar, et peut s’échanger contre des monnaies nationales telles que le peso argentin, mais aussi le réal brésilien, le dollar américain et l’euro, en plus de toutes les autres cryptomonnaies. L’entreprise envisage un déploiement sur l’ensemble du continent sud-américain, notamment en Colombie, au Chili, au Brésil et au Mexique.
Des reconnaissances à l’international
Plusieurs États ont aujourd’hui ouvert la voie aux jetons stables, dits Stablecoins, montrant leur entrée sur les marchés internationaux, mais aussi leur progressive légitimation au sein de la finance internationale. Le Bitcoin est le plus répandu, mais d’autres apparaissent. Singapour, à titre d’exemple, a annoncé l’entrée sur ses marchés nationaux des cryptomonnaies, en engageant également tout un processus de régulation de cette nouvelle finance, souhaitant aussi se positionner comme un pôle mondial de la cryptomonnaie alors que la Banque Mondiale est encore frileuse dans le domaine. Singapour, plutôt que de parler de cryptomonnaie, renvoyant à l’image parfois indésirables des mondes numériques anonymes, utilise davantage le terme « Fintech » : soit les technologies de la finance, redorant l’image de cette nouvelle finance.
En Europe, mais plus dans l’Union Européenne, le Royaume-Uni s’engage dans une voie similaire. Une réglementation serait en cours de rédaction pour une application proche, invitant à penser le rôle de cette nouvelle finance dans l’économie et sa croissance. La pandémie a accéléré l’usage des paiements numériques sous différentes formes, ce qui accroit l’intérêt pour ces monnaies. C’est cependant après le déploiement d’un cadre réglementaire très précis que ces monnaies pourront être en circulation
Les États-Unis, leader du nouveau marché des stablecoins
Ce marché de 32 milliards de dollars n’a pas échappé au marché états-unien. Les projets de régulations et d’adoption des stablecoins, pas pour remplacer le dollar, mais y être indexés sont en cours. La Bank of America, deuxième plus grande institution bancaire du pays, promet que cette régulation fera adopter de nombreux actifs et jetons stables par les institutions. Une régulation prochaine pourrait représenter une somme de 140 milliards de dollars.
Tout l’enjeu aux États-Unis porte sur les technologies associées aux stablecoins et à cette nouvelle finance en général. Avant d’adopter ces modes de paiements, il est nécessaire pour de grands réseaux tels que Mastercard et Visa de s’assurer d’avoir les moyens technologiques d’intégrer la technologie blockchain sur l’ensemble des plateformes.
Quelle opportunité pour les îles comme la Guadeloupe ?
Il est évident que les îles telles que la Guadeloupe ou la Martinique peuvent voir dans cette nouvelle finance une opportunité. Très développée en Amérique du Sud, bien que peu régulée, la cryptomonnaie est de plus en plus médiatisée et utilisée. Pour les îles, qui sont des régions et départements d’Outre-Mer français, il est difficile d’envisager de créer des monnaies nationales comme le Pérou ou le Salvador, car elles sont soumises aux régulations de l’Union Européenne et de la France.
Cependant, ce qui est certain, c’est que par rapprochement régional, au sein du bassin caribéen, mais surtout à l’interface entre l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud, les Antilles et surtout leurs entrepreneurs ont tout intérêt à développer des entreprises comprenant les technologies associées aux cryptomonnaies (blockchain, NFT, stablecoins) leur permettant de lever des fonds à l’international sans être dépendant intégralement du cours de l’euro.